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XXXV

Qui marche derrière le Tao est partout chez lui.
Si calme, si serein
que tous le prennent pour l’un des leurs
même la nature ne l’entend pas passer.

Le Tao ne fait pas de bruit
il ne vient chercher personne
ni par les sens ni par la force.
Le Tao n’est pas le héros du jour
il n’est pas invité à la fête
il n’a pas le succès des fanfares, du vin et des belles histoires.
L’expérience des sens finit vite
le Tao est une basse continue.
Le Tao est la sensation d’un outil
il sert à tous ce qu’on fait
même rien.

XXXVI

Pour embrasser laisser s’étendre
pour affaiblir laisser fortifier
pour cueillir laisser fleurir
pour gagner laisser se débattre
pour recevoir se laisser prendre.
Aux doux appartient le dur
aux fragiles appartient le fort.
Miracle de la lumière qui magnifie ce qu’elle touche avant de l’emporter.

Les poissons restent dans l’eau profonde.
Garder secret le royaume
et la lame affutée du Tao.

XXXVII

Le Tao ne fait rien et tout se fait
Caché dans le Tao l’efficacité n’a pas besoin d’action.

Dans le silence des outils
on entend l’harmonie de la vie.
Caché dans ce qui n’a pas de nom
le désir ne peut être asservi
la paix règne et le monde se transforme lui même.

XXXVIII

L’homme vertueux ne le sait pas
celui qui le croit ne l’est pas.

La bonté agit sans raison
La justice agit avec raison
Les institutions ont raison sur les actions.

Sans le Tao il reste la vertu
sans la vertu il reste la bonté
sans la bonté il reste la justice
sans la justice il reste les institutions.

Les institutions ne sont que l’écorce de la justice
elles sont séparées de la chair du fruit.
A vouloir garder leur forme
elles créent le désordre
qu’elles veulent contenir.

L’intention dégénère en instructions
de l’un à l’autre, l’esclave de sa volonté.
L’anticipation dégénère en bêtise
on ne sait plus ce qu’on compte,
sa vie sur un tremplin,
on ne sait plus ce qu’on fait là.

La fleur annonce le fruit
le Tao connait toutes les fleurs
mais il habite sous l’écorce.

XXIX

L’Un est le solitaire, le solitaire est l’unique, l’unique est le simple.
Tout participe de l’Un.
Le Tao est notre plus petit dénominateur commun
il est dans tout et tout est en lui.

Le ciel est clair parce qu’il est simple
sinon il se déchirerait
La terre est étendue parc qu’elle est simple
sinon elle s’ouvrirait
L’esprit est lucide parce qu’il est simple
sinon il se troublerait
La vallée est irriguée parce qu’elle est simple
sinon elle s’épuiserait
Les cellules se multiplient parce qu’elle sont simples
sinon elles se détruiraient
Les princes gouvernent parce qu’ils sont un modèle pour les autres
ils sont un modèle pour les autres parce q’ils sont simples
sinon ils tomberaient.
Pour faire l’unité le prince doit être sans distinction, un simple orphelin.
Le haut tient sur le bas
Le simple est dans le jade comme dans le caillou.
Le simple ne peut obéir qu’au plus simple

XL

Le retour est le chemin du Tao
la faiblesse son moyen d’action
tout est né lui ne l’est pas.

XLI

On suit le Tao ou on ne le suit pas
rien ne sert d’en parler
ou de le suivre à moitié.
Pour celui qui regarde
le Tao a l’air ridicule.
La Voie lumineuse semble obscure
la Voie droite semble tortueuse
la Voie parfaite semble absurde
la générosité semble inutile
la force semble fragile
la confiance semble hésitante.

Comme un carré si grand qu’il n’a pas d’angles
comme un vase si haut qu’on n’en trouve pas l’ouverture
comme une musique si parfaite qu’on ne l’entend pas.
comme une image si grande qu’on n’en voit pas les formes.

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