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XVII

Quand l’ordre est invisible,
on y obéit sans s’en apercevoir,
quand il s’exprime on l’aime,
quand il s’établit on le redoute,
quand il s’impose on le méprise.
La confiance attire la confiance
elle n’a pas besoin de l’intermédiaire de la parole,
ni du mérite de l’action,
elle est la grâce que chacun a.

XVIII

Quand on quitte la Voie,
les hommes se mettent à écrire des lois,
l’intelligence devient raisonnable,
tout est manipulé.

Les parents ne s’entendent plus,
on invente la si bonne piété filiale!
Le pays sombre dans le chaos,
on invente la si loyale classe politique!

XIX

Qu’on arrête de parler de sagesse et de s’aproprier le savoir
et tout le monde en profitera.

Qu’on arrête de parler d’humanité et de s’aproprier la justice
et on aimera tous, père, mère et monde

Qu’on arrête de parler de mérite et de s’approprier les choses,
et il n’y aura plus de voleurs.

Les principes ne suffisent pas,
il faut les faire pousser quelque part.

Sois simple, embrasse les choses telles qu’elles sont,
créer des désirs crée des égoïstes.

XX

La petite différence entre le oui des garçons et le oui des filles!?
La grande différence entre le bien et le mal!?
Arrête de te poser les questions des autres et tu te sentiras mieux.
Fais la paix, refuses de transmettre les peurs des autres.

Comme au bal des pompiers
sur un banc
ne sachant pas s’il faut regretter de ne pas oser danser
ou de ne pas être invité.
Comme un nourrisson pas encore affecté
à une fonction, à une idée
sur ce banc
je suis comme le tao
sans odeur, ni couleur, ni forme
personne ne me voit
je suis idiot
obscur
inarticulé.
Je suis en avance
déjà nostalgique
de cette adolescence que je n’ai pas.
J’ai pris la place de l’attente
l’autre nom du corps
et son travail
l’oubli.
Le corps attend
mémoire du ventre
digère le temps.

Assis sur un banc au bal des pompiers
la lumière est dans tous les yeux
mon absence fait le lieu
c’est sur moi que tout le monde danse
en moi que tout le monde voit
dans ma bouche que tout le monde parle.

Plus qu’enfant
je suis d’avant le premier cri
branché à l’origine.
Arrachez la prise
et tout s’arrête
comme un manège qui s’éteint
le bal des pompiers
n’existe plus.

Je suis le Tao
je me nourris de la vie
et elle de moi.

XXI

La bonté ne mène pas au Tao
elle en vient.

Le Tao avance en tournant,
le Tao est une machine à recommencer,
il oublie son nom
et se perd au milieu.
Le Tao est inapprochable et il est partout
il est intouchable et il ressent tout
il ne ressemble à rien et il est évident.

XXII

Laisser les choses aller à elles mêmes,
laisser mourir les forces dans leur accomplissement,
attacher le Tao par les cheveux à la suivante.

Le Tao est encore au début et déjà à la fin,
il n’est séparé ni dans le temps ni dans l’espace
il n’est qu’Un.

On ne peut pas voir la lumière,
elle se cache dans ce qu’elle éclaire.
On ne peut pas voir l’unité,
elle se cache dans la multitude.

Il est la où on ne le voit pas,
il arrive par là ou on ne l’attendait pas,
le Tao est toujours dans le dos de la volonté.

Chacun est fait pour faire un geste
le bon au bon moment
Un seul désir suffit pour devenir ce qu’on est
un désir suffit pour être entier.

On ne voit pas l’autre coté d’une pièce
l’unité est invisible
Celui qui suit le Tao circule incognito
semblable à tous
chacun ne voit que lui-même.

Celui qui suit le Tao ne se met pas en avant
il ne verrait plus rien.
Celui qui suit le Tao ne confond pas son désir avec celui des autres
il serait toujours insatisfait.
Celui qui suit le Tao ne se compare pas
il se perdrait.
Celui qui suit le Tao ne cherche rien,
l’unité est vide.

XXIII

Une tempête ne devient pas l’aurore
une averse ne devient pas le soleil
ne pas parler plus qu’on peut durer.

On devient ce qu’on fait
à trop parler on devient du papier
à trop aimer on devient de l’amour
à trop haïr on devient de la haine
à trop se rappeler on devient un souvenir

A ne rien dire et ne rien faire on peut tenir longtemps
et épouser le Tao.

XXIV

On ne reste pas debout longtemps en se tenant sur la pointe des pieds
on ne marche pas longtemps en faisant de grands enjambées
celui qui en fait trop s’éloigne du Tao.

Se grandir c’est donner l’impression d’être trop petit
se dépêcher c’est donner l’impression d’être en retard.
Celui qui sait n’apprend rien
celui qui se vante fait de la peine
celui qui se plaint est inaudible
celui qui suit le Tao reste assis sans rien dire.

XXV

Le Tao était dans tout avant tout.
Le Tao contient l’univers
et tient dans une tête d’épingle.
Le Tao est immuable
et transforme tout ce qu’il touche
Le tao est une forme confuse
commune à toutes les autres.
Le tao reste seul
et accompagne tous les mouvements.

C’est lui qu’on reconnait dans l’infiniment grand et dans l’infiniment petit
il gouverne tous les étages de la vie.
Le Tao est dans le mouvement
dans la mise au point
pour le voir il faudrait que tout soit net
du bout de son nez à l’horizon.
Le sage s’arrête pour regarder au milieu.

XXVI

Le lourd est le socle du léger,
le calme celui de l’action.

On ne peut voyager que si l’on sait d’où l’on vient
on ne peut s’amuser qu’avec des amis
on n’est pas libre sans les autres.

C’est quand le blé a fini de pousser qu’il faut le moissonner,
c’est quand la nature s’arrête qu’il faut agir.
C’est dans la tempête qu’il faut être calme,
c’est dans la jouissance qu’il faut se retenir.

Sans socle le noceur tombe et personne ne le rattrape
sans calme l’aventurier perd son chemin ou son esprit.

XXVII

Celui qui suit le Tao n’a pas besoin
de routes pour marcher,
d’objections pour parler
de machines pour calculer
de verrous pour garder
de liens pour relier.

Chaque instant est une île déserte
tout y est une occasion de persévérer
rien n’y est bon ou mauvais
tout arrive
du bois pour le feu ou les flèches
du sable pour dormir ou écrire
des animaux pour manger ou courir
des plantes pour mourir ou guérir.

Chaque homme est l’humanité,
une occasion de chute et de salut
le seul endroit de la bonté.

Celui qui marche avec le Tao n’a besoin que des hommes
s’accorder à chaque homme
rien n’est plus important
ni plus difficile.

XXVIII

Connaître la puissance et rester passif
tout arrive à celui qui est en dessous.
Connaître la lumière et rester dans l’obscurité
rien n’arrive à celui qui n’a pas de forme.
Connaître la gloire et rester honteux
qu’importe ce qui arrive à celui qui est constant.

Connaître la complexité et rester simple
nous sommes les mêmes avant d’être spéciaux
nous venons d’une seule cellule
le plus simple gouverne tout.

Ne pas quitter le Tao
retour permanent à l’enfant
où tout était là en même temps.

XXIX

Personne n’a la main assez sûre
le coeur assez constant
pour toucher le monde sans le casser.
L’homme n’est pas le potier de ce vase,
celui qui veut lui donner son visage le déforme,
celui qui tient une chose en lâche une autre.

La vérité c’est que les hommes sont aussi
faibles qu’ils sont forts
bas qu’ils sont élevés
dominés qu’ils sont dominants.
Le sage quitte le sommet des palais, des monastères et des remparts,
il préfère la vérité au sublime.

XXX

Les ronces poussent sur le sol des batailles
la vangeance sur le sol des victoires
ce qui vient de vous, vous revient.
Comment ne pas perdre en gagnant?
Ne pas agir en agissant?

Arrêter le fruit avant qu’il ne tombe
l’épée avant qu’elle ne tranche
courir après les conséquences
timide dans la force
humble dans la victoire
généreux dans le retour.

Et en finir le plus vite possible
la force use celui qui l’utilise
le Tao préserve la vie.

XXXI

Laisse la paix conduire la guerre
puis veille et pleure
jusqu’à oublier le goût,
à effacer la trace,
de la violence.

Garde la force sous ton aile
elle obscurcit le présent
et éclaire la fin.
Fais de la violence un fils prodigue
qui sera chez toi chez lui
et pour les autres un signe.

XXXII

Comme les plus petits
le Tao est sans nom.
Ni le ciel ni la terre ne commandent à la rosée
elle apparait et disparait
sans qu’on s’en aperçoive.

Le nom divise
sépare l’un de l’autre
l’hommes de la femme
et les maisons, les terres, les pays…
L’eau n’a pas besoin d’être séparée pour couler où elle veut
d’être divisée pour être organisée.

Le Tao n’a pas de nom
il est partout
comme la vallée dans la rivière
la rivière dans le fleuve
le fleuve dans la mer.

XXXIII

Celui qui connaît les autres est perspicace
celui qui se connaît lui-même est lucide.

Celui qui maîtrise les autres est fort
celui qui se maîtrise lui-même est puissant.

Celui qui a assez est riche.
Celui qui connaît la puissance n’a pas besoin de la volonté.

Celui qui ne se perd pas de vue, va plus loin.
Celui qui ne fuit pas sa mort, vit plus longtemps.

XXXIV

Le Tao va où il veut
il est grand parce q’u’il est petit.

A tout ce qui naît de lui
il est aussi le ciel
et ne fait que passer.

Le Tao ne donne son nom à personne
ainsi tous le cherche.
Il oublie tout ainsi tout se rappelle de lui.

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