COUVRE-FEU / PARTITIONS / DE-SIDERER – RE-DESIRER

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couvre-feu / partitions est sorti de la sidération, c’est-à-dire qu’il est né de là et a permis d’en sortir.

sidération, le 15 octobre. annonce. un. couvre-feu ? mais. comment ? est-ce. seulement : possible ! et non seulement possible. mais en plus : à cette date ?

c’est-à-dire le jour anniversaire des massacres, 59 ans plus tôt, des femmes, hommes, enfants, personnes âgées qui manifestaient contre le couvre-feu qui leur était imposé, parce que « nord-africains » selon la terminologie de l’époque.

comment ? est-ce. seulement : possible ! cette date ?

sidération.

[sidération redoublée le 17 octobre. j’apprends. le meurtre. effroyable. d’un enseignant. qui me laisse. sans. sans mots. la nécessité de ce projet – démarré le 16 par une première partition – me semble re-doublée].

or, si d’être sidérée, je ne choisis pas certes, en sortir je le peux. peux le choisir.

comment dé-sidérer ? sinon en re-désirant.

[car en quoi servirai-je la vie en me rongeant de frustration, de tristesse, peur et autres colères, voire de de haine].

comment re-désirer lorsque sa liberté d’aller et de venir est de plus en plus quadrillée ? sinon en créant. créer = se servir de la contrainte comme tremplin. ainsi, sortant du : ils – ceux qui ont décidé le couvre-feu – sont fous, non ils sont pervers, non, ils courent en tous sens tels des poules affolées et incapables de penser calmement, non, ils choisissent le pire, non, ils sont calculateurs, non, ils ils ils… non. ainsi, pour sortir du ilscecicela, suis-je allée me poser dans l’œil du cyclone d’où je suis revenue avec un oxymore :« désobéissance légale ».

désobéissance légale : un système n’a de prise que si les éléments qui le composent se comportent comme il est attendu. il est prévu des punitions si les éléments transgressent les règles établies par le système (sortir à certaines heures, ne pas porter le masque, etc… ). que se passe-t-il si les éléments qui le composent se comportent d’une manière qui n’appartient pas au système, sans être illégale ? cela a extirpé de ma mémoire le souvenir un peu flou d’une lecture ancienne (impossible de l’identifier), à propos d’habitants d’un pays de l’Est sous dictature communiste (Pologne ? Tchécoslovaquie ?). plusieurs d’entre eux (combien ?) avaient choisi de promener leur poste de télévision dans des voitures d’enfant, poussettes, landau, à l’heure des interventions du chef de l’État. j’ignore si cela a précipité la chute du régime. mais cela a certainement permis à ces personnes de rester saines d’esprit. pour le dire en quelques mots, il s’agit d’être ailleurs et de faire autrement.

comment habiter cet espace-temps politiquement suspect d’une manière qui plutôt que d’accabler un peu plus, réveille la création, l’art/vie ? comment devenir un peu, beaucoup, passionnément “martial artists” ? c’est de cela/ dans cela qu’est né le projet couvre-feu / partitions qui se déploie avec la mise en ligne chaque jour d’une partition à activer, sur la page fb éponyme, pour la durée – probable – du couvre-feu.