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Un début 

_ Bordel de merde, non mais … euh … pffff…. j’ai jamais vu ça…c’est même plus une question de longueur là…. j’hallucine…. c’est pas un morceau qui manque c’est …. mais quelle idée putain … qu’est-ce qui va pas chez vous …. sérieusement …. vous portez une culotte sous votre culotte ? .hahaha… non mais quelle idée pffff ….autant venir à poil quoi….. j’hallucine….j’ai jamais vu ça….

On répond pas. On attend que son visage devienne rouge foncé.
Il s’étranglerait plutôt que de défaire le dernier bouton de sa vieille chemise à manches courtes.

Il s’étranglerait parce qu’il ne supporte pas que notre cul respire mieux que sa tête.
Culotte lilas brodée, ourlet festonné, liseré bleu ciel de Californie à la mi-juillet.
Très exactement culotte du soir, ce qui ne nous empêche pas de la porter le matin.
Ça va trop vite pour lui et pas assez pour nous.
On claque la porte à cinq mains, le vent nous aide a accentuer le côté drama.
Le jour où l’homme a décidé de recouvrir sa peau de textile tout est parti à vau-l’eau.
Il y a ceux qui s’habillent pour ne pas avoir froid, pour cacher ce qu’ils ont entre les jambes et ceux qui s’habillent pour choisir en forme de quoi ils vont s’exposer.
On est des putains d’oeuvres d’art monsieur.

On reviendra demain, faire un coucou.

Comme chaque matin, le physio nous téma de haut en bas.
Les uns après les autres, en file indienne.
Il fait glisser ses yeux de notre tête jusqu’à nos pieds.
On l’appelle le perv’ pour l’emmerder, avec ses vieux yeux là.
– Requins tu passes.
– Bonjour monsieur.
– Toi, enlève ton couvre-chef.
– C’est quoi un couvre-chef monsieur ?
– …
– Aaah une casquette. C’est une casquette monsieur, c’est pas un couvre-chef ou chépaquoi là.
On habite tout autour, ils hésitent pas à nous dire rentre te changer.
Tu suivras mieux dans une autre tenue.
C’est un club inversé. Il faut être invisible pour y entrer.
On fait demi-tour tout le temps mais c’est fait exprès.
Tous les jours, on est trop sapés pour apprendre.
On y retourne jamais nous, on a notre fierté.
– Claquettes en plastique tu passes pas.
Claquettes en liège tu passes.
Requins tu passes.
Requins tu passes.
Claquette chaussettes tu passes trop pas.
Requins tu passes.
Claquettes chaussettes vraiment pas.
Requins tu passes.
Requins tu passes.

La CPE porte des birkenstocks, le physio refoule les claquettes en plastique.

Pour un matériau, une façon de porter, tu rentres te changer.
Le plastique désagrège les neurones, le liège apporte des vitamines.
Ils disent on est plus intelligent avec des semelles recyclées.

C’est le règlement intérieur.
Ils sont très tête et pieds. Rien sur la tête, pas trop baroque les pieds.
Ca matin, on rentre parce qu’on l’a décidé.
On regarde nos pieds. On l’a joué classique, toujours matchées.
Requins, baleines ou dauphins c’est cyclique.
C’est notre propre règlement intérieur, notre normalité.
On les enfile comme des babouches pour se démarquer un minimum.
En pliant le talon sous ton pieds, tu peux les mettre et les enlever sans utiliser les mains.
Sporty-oriental ou street-pantoufle selon l’association.
Il dit remet ta semelle steuplé.
à suivre 
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