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Je n’en ai encore publié aucun, mais les premiers clips vidéo accompagnant mon nouvel album Perspectives du XXIIe siècle qui sort le 19 juin, commencent à arriver. Sonia Cruchon a réalisé Berceuse ionique à partir d’un détail d’une des sections peintes sur le dos d’une chemise amérindienne provenant des collections du Musée d’Ethnographie de Genève, qui a d’ailleurs produit le CD, et d’archives cinématographiques du Fonds Prelinger. La peau est probablement comanche, en tous cas des plaines du sud des États Unis, du début du XIXe siècle. Sonia remplit des silhouettes avec de la matière filmique pour évoquer ce que les personnes portent en elles, et non pas ce qu’elles montrent d’elles. J’entrevois “ce que sont les nuages”, les théâtres d’ombres et celle, terrible, d’Hiroshima. Mais c’est une berceuse très tendre, alors pour le générique de fin j’ai ajouté quelques secondes de l’orage qui s’éloigne.


Pour De vallées en vallées, Eric Vernhes a travaillé exclusivement à partir du Scarabée d’or, film de 1907 de Segundo de Chomón. Se calant sur les deux parties de la pièce musicale, il l’a d’abord rallongé par des bégaiements pour ensuite le transformer psychédéliquement. J’ai l’impression que mes survivants de 2152 ont trouvé des champignons hallucinogènes qui poussaient sur les bouses de leurs troupeaux, tout en haut dans les alpages. Là aussi le ciel est évoqué sans le montrer littéralement. Cette fois les nuages se sont dissipés pour offrir une merveilleuse voûte étoilée. Dans les deux cas on sent la chaleur torride à l’origine de la catastrophe.


Sur Larmes de crocodile, Nicolas Clauss filme à New York, pendant l’ère avant-Covid, le melting pot de populations que l’on retrouvera 130 ans plus tard réfugié à Genève. Au milieu de la foule, on perçoit les signes de la société de consommation qui rechignait encore à la décroissance. En va-et-vient analytiques, il déploie ainsi sur 4 minutes et demie un plan de trois secondes…
À tous les réalisateurs/trices j’ai demandé qu’ils/elles partent d’archives pour permettre aux protagonistes d’inventer leur avenir en s’appuyant sur le passé, histoire de ne pas recommencer les mêmes erreurs. J’attends avec impatience les nouveaux clips que ma musique aura inspirés ! J’ignore encore si les seize pièces seront imagées, mais j’en rêve.
Loin d’être désespéré, Valéry Faidherbe a choisi Les champs les plus beaux. Quant à John Sanborn, il fermera le ban avec Ensemble Ratatam, une fin festive qui n’empêchera pas certains de replonger en s’envolant pour où je ne sais où…

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