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quelque chose calme

lutte

chose masse chose

force 

mise en bois

cognée 

frappée 

en longues forêts 

en cohortes 

en légions de bois 

en vagues traversées

où se perd l’âge des temps

on se métamorphose

et ça n’est pas

alors le silence se réduit 

à des initiales imprononçables

faces contre faces les forces s’annulent

le retrait est soudain et sans émoi

s’oublie 

et ça n’est pas

on tente à nouveau

même si l’on sait déjà que l’on ne pourra

jamais

respirer tout cela

ni s’en nourrir

chaque jour les corps vides

s’attendent

blancs et repus

masses devenues fixes

masses condamnées pâles

par absence d’un astre

susceptible de faire la lumière

et de permettre le mouvement

mais des rythmes encore calmes

des superpositions qui transforment à peine

des couleurs qui

encore

s’uniforment

comme si pour le moment des approches timides

avaient quelque chance d’aboutir

alors même que l’obscurité règne déjà en bonne part

et que les corps masses

cernés de noir

ont d’ores et déjà perdu leurs ombres

qui persistent à s’arc-bouter

en tout point

coûte que coûte

en toute lueur

en tout murmure

en tout point

en tout renoncement

en tout point 

en toute image défenestrée

les vagues de terre lourde explosent

quand la lumière

blanche

partout des lambeaux déjà éteints s’immiscent

dans la moindre cavité

dans les anfractuosités des roches

à l’incandescence fractale

témoignant de la lave qui coula dans leurs veines

conférant à leur structure

des manières de rhizomes brûlés vifs

les horizons sont pour l’instant

sans définition

ils se reportent de pas à pas

attirent les raies de lumière blanche

on s’approche

pourtant

des matrices qui n’en finissent plus 

de dérouler leurs formes 

libérant des noyaux qui de loin en loin 

n’ont que faire des limites 

s’éparpillent se multiplient 

témoignent 

murmurent 

témoignent 

dérivent 

contournent 

dérivent

serpentent

s’enroulent 

et se détournent

sans que nul n’y perçoive une logique

ou une raison

ou une quelconque contrainte

on s’approche pourtant

mais les figures forment

quelque chose d’un sens

hors les mots

cela naît des pistes que l’on devine sous les dernières traces

des dépôts anciens souvent recouverts

qui parfois affleurent

et laissent perler leurs couleurs

en réserve de sens

ces vocables de la vue

qui irradient en toute quiétude

sans même qu’ils soient entendus

 

(captation réalisée au Phénix Scène Nationale de Valenciennes Pôle Européen de Culture en octobre 2020, lors d’une résidence de recherche & de création)

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